LE SENS DU BUDO
LA SIGNIFICATION ET LA RAISON DE L’ARC ET DES FLÈCHES DANS L’ARC JAPONAIS.
Il y a bien longtemps de cela au Japon, environ 40 à 45 ans, l’arc en fibre de verre, les cordes en kevlar, les flèches en aluminium ou carbone, n’existaient pas.
Le Senpaï, le Senseï, devaient alors surveiller de très près et avec sévérité, le débutant, lui expliquer en profondeur les raisons et le sens de l’arc, véritablement « vivant » .
Le disciple entrait dans la confiance absolue vis à vis du Maître dont l’expérience de la connaissance ne laissait aucun doute.
De nos jours, avec la venue et l’existence de la fibre de verre et des matières modernes, le débutant utilise un matériel qui n’a pas de vie, on l’appelle l’arc mort. C’est pourquoi vis à vis du pratiquant les exigences du Maître et du Senpaï ont changé. Au Japon pour la classe moyenne des pratiquants, lycéens et universitaires, l’arc en fibre de carbone a un coté pratique par son manque de fragilité, ceci est aussi valable pour les débutants en général.
Pour arriver à utiliser sans danger et surtout comprendre, l’arc vivant, c’est à dire l’arc en bambou, le pratiquant doit devenir un DISCIPLE et étudier beaucoup pendant de nombreuses années. Il n’entre pas immédiatement dans la vérité et la sévérité de la discipline.
Le seul intérêt du fibre de verre, n’est valable que pour les débutants jusqu’au 3ième – 4ième niveau, ou Dan Fédération pour les adolescents, niveaux acquis rapidement et sans critère précis. Dans les écoles anciennes pas de Dan mais environ 15 à 20 ans de pratique régulière, dans le but de comprendre l’Arc Vivant. En effet, l’arc en fibre et les flèches au carbone permettent un tir plus facile mais sans délicatesse .
Au Japon à partir de 5ième niveau (Dan) et plus, il est obligatoire, sinon préférable, d’utiliser l’arc et les flèches vivantes, en bambou, dont la sensibilité ne peut être comprise qu’avec une longue expérience.
C'est seulement avec l‘arc vivant et les flèches en bambou, que l'esprit du disciple peut ressortir, se développer. Tous ces éléments vivants, arc, flèches et kaké(gant) vont correspondre à confirmer la personnalité et l’expérience du disciple, les forger.
Récemment un Maître connu et réputé m’a donné une corde en lin en me disant, « tu as dépassé le stade du surfait, il faut employer ce type de corde. Puis il a rajouté : Il n’y a pas de mission avec l’arc mort…. cependant certains pratiquants impatients, surtout Européens, tuent l’arc vivant ! »
Une personne par exemple 2ième niveau (Dan), avec une expérience faible 6 à 7 ans et qui posséderait un arc vivant, de surcroît de valeur – serait totalement invraisemblable ! –
Un débutant ou un tireur moyen, n’a pas à employer de matériel de type supérieur ou encore pire, un arc laqué ou ligaturé, seulement fait pour les cérémonies qu’on ne trouve qu’en école. Cela fait sourire les Senseï Japonais. Seul un Senpaï qui a une longue expérience et un très haut niveau en école, avec l’assentiment du Shihan ou Soké de l’école, peut employer ce type d’arc et de flèches. La possession d’un arc ou matériel vivant supérieur et son emploi, dans le BUDO, n’a dans ce cas rien à voir avec un BUDOJIN mais plutôt avec un collectionneur. En effet, acheter du matériel cher est toujours possible pour n’importe qui.
Le débutant qui a 7 à 10 ans de pratique, voir 15 ans – 20 ans, mais sans être régulier et qui n’a pas la compréhension de l’arc vivant et des flèches, si il les emploie, tue le Kyugu, l’arc vivant et l’esprit du Kyudo. Il en est ainsi pour d’autres disciplines qui emploient la même facilité. C’est pourquoi il faut étudier avec patience et un jour, après une longue expérience, passer à l’arc vivant, afin d’ouvrir et développer sa personnalité et son cœur.
Il est des personnes qui entrevoient l’arc comme de la décoration et qui pensent pouvoir tirer des arcs de tel ou telle puissance sans se rendre compte que cela ne correspond pas à ce qu’ils devraient faire. Si alors le pratiquant n’est pas en harmonie avec l'arc, l’étude ne peut se faire et l’expérience sera difficile. On dit au Japon qu’il y a « KENKA » dispute avec l’arc.
Par expérience, nous nous sommes aperçus que l’européen préférait, pour certains un arc faible, tandis que d’autres pensent pouvoir tirer un arc très puissant; Le premier grâce à cet arc faible se contentera d’un tir facile et ne se risquera pas à un arc plus fort; Le deuxième pensera que la capacité de montrer une certaine puissance est l’essentiel.
Le pratiquant dans les deux cas, ne voit pas la réalité, qui passe d’abord par l’effort de la technique et du vouloir.
Dans le Shaho shagi – techniques de base, on trouve - le yumi no teïko ryoku – choix de la puissance de l’arc….L’essentiel semble souvent oublié.
L’image que certaines personnes ont d’elles-mêmes est souvent curieuse. Comme disait il y a peu de temps HAMA Senseï, directeur technique de la Fédération Japonaise - « un jour, on se prend pour un génie, surtout si par hasard on touche assez souvent la cible ! » .
Alors, n’oublions pas qu’il existe la base du BUDO suivant les préceptes de CONFUCIUS dans l’idée du REÏ, pour atteindre le SHIN-GI-TAÏ.
Texte et extraits: Shigéru et jacques Normand