Le KYUJUTSU, l'essence et la technique de l'Arc


L'expérience est la seule chose qui puisse donner de la réalité
sans elle, tout n'est qu'une idée sans vérité.                                  

E. Kant

  C'est à la tradition qu'il faut revenir, à la tradition délaissée porteuse de réalité. Sans elle, rien ne pourrait être aujourd'hui. La charge symbolique et réelle de l'arc conserve dans la tradition toute sa valeur, protégée par des maîtres issus de plusieurs générations de hauts disciples.

 

  Nous allons chercher, sur ce site consacré au Kyujutsu et au Kyudo, à débarrasser l'arc de l'ésotérisme de pacotille qui l'accompagne souvent, philosophie de Prisunic qui éloigne ceux qui recherchent une arme intérieure pour guider leur existence.

Malgré tout le spectaculaire dont on veut l'entourer, cet art procède d'une technique et d'une philosophie qui engagent le corps. Petit à petit, le corps joue un rôle équilibrant sur le mental.

L'être humain a besoin du mystère qui le fascine, du renouveau qui le dynamise et du spectaculaire qui l'exalte. Trois éléments de sa survie, réunis dans l'arc. 

« Quand l'élève est prêt, le maître arrive » dit-on. Bien sûr et c'est grandement souhaitable. C'est là qu'il faudra reconnaître ce maître, celui dont la longue expérience ne fera aucun doute. 

Etre un maître, ce n'est pas se croire parvenu au sommet de la hiérarchie du savoir, c'est au plein sens du terme un mode de vie pour celui qui s'engage sur les chemins de la maîtrise où il découvrira que rien ne lui appartient en propre. Dans le groupe des grands disciples auquel il appartient, le maître n'aura pour seule vocation que de transmettre la connaissance. Si les traits de son caractère ne correspondent pas, de près ou de loin, à l'image que vous vous en faites, il y a peu de chance que vous ayez compris ce qui sous-tend son enseignement. 


La Connaissance et le Budo sont immuables. Nul ne peut en transgresser les orientations et les buts. Vouloir modifier cet équilibre équivaudrait à vouloir effacer de la carte le mont Fuji : de quelle prétention faudrait-il être animé pour mener à bien pareille entreprise ? 

La Connaissance ne s'assimile pas en quelques gestes, en quelques paroles dispersées, elle implique un engagement de toute la personne.

Il peut sembler incompréhensible, inconcevable même, que l'art de tendre un arc ou de dégainer un sabre puisse mener à l'Absolu. Au contraire de l'ascèse qui affranchit l'esprit au mépris du corps, l'arc et le sabre (le iaï) engagent l'un et l'autre dans un effort parallèle d'équilibre et d'harmonie.

Pourquoi parler du sabre ? Parce que ce n'est pas un hasard si, avec le miroir et le joyau, le sabre est le troisième emblème de la couronne impériale : le miroir parce qu'il réfléchit l'âme, le joyau parce qu'il concentre la beauté et la pureté et la lame pour la charge d'efficacité et de justice qu'elle représente.

 

  Les Japonais considèrent le sabre, l'arc et le naginata comme les trois disciplines nobles.

Pendant huit cents ans, les samouraïs ont dominé le Japon ; ils ont servi les princes (daïmyo) en guerriers courageux. Les chefs militaires (shogun) dont ils dépendaient n'ont pu conserver le pouvoir de 1186 à 1868 qu'avec leur appui constant, ne laissant à l'empereur (le mikado) qu'une vague apparence de royauté. Si bien que l'imagerie guerrière japonaise associe l'arc et le sabre à tous les récits légendaires dont les samouraïs sont les héros.